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le péché est pour eux ; vous, vous les soldez pour avoir une femme, voilà tout. Ma seconde proposition est ceci : Ugone est un garçon instruit et fort adroit ; il était médecin quand il tua son beau-frère, et prit la machia (la forêt). Vous pouvez l’envoyer, une heure avant la nuit, à la porte du couvent ; il demandera du service, et fera si bien, qu’on l’admettra dans le corps de garde ; il fera boire les domestiques des nonnes ; de plus, il est bien capable de mouiller la corde à feu de leurs arquebuses.

Par malheur, Jules accepta la proposition du caporal. Comme celui-ci s’en allait, il ajouta :

— Nous allons attaquer un couvent, il y a excommunication majeure, et, de plus, ce couvent est sous la protection immédiate de la Madone…

— Je vous entends ! s’écria Jules comme réveillé par ce mot. Restez avec moi.

Le caporal ferma la porte et revint dire le chapelet avec Jules. Cette prière dura une grande heure. À la nuit, on se remit en marche.

Comme minuit sonnait, Jules, qui était entré seul dans Castro sur les onze heures, revint prendre ses gens hors de la porte. Il entra avec ses huit soldats, auxquels s’étaient joints trois paysans bien armés, il les réunit aux cinq soldats qu’il avait dans