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l’étroit chemin taillé dans le roc, et qui passe encore contre le mur du couvent des Capucins, Jules et sa maîtresse, déguisés en moines, rencontrèrent le seigneur de Campireali et son fils Fabio, qui, suivis de quatre domestiques bien armés, et précédés d’un page portant une torche allumée, revenaient de Castel Gandolfo, bourg situé sur les bords du lac assez près de là. Pour laisser passer les deux amants, les Campireali et leurs domestiques se placèrent à droite et à gauche de ce chemin taillé dans le roc et qui peut avoir huit pieds de large. Combien n’eût-il pas été plus heureux pour Hélène d’être reconnue en ce moment ! Elle eût été tuée d’un coup de pistolet par son père ou son frère, et son supplice n’eût duré qu’un instant : mais le ciel en avait ordonné autrement (superis aliter visum).

» On ajoute encore une circonstance sur cette singulière rencontre, et que la signora de Campireali, parvenue à une extrême vieillesse et presque centenaire, racontait encore quelquefois à Rome devant des personnages graves qui, bien vieux eux-mêmes, me l’ont redite lorsque mon insatiable curiosité les interrogeait sur ce sujet-là et sur bien d’autres.

» Fabio de Campireali, qui était un