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riche seigneur de Campireali, c’est qu’en ce temps-là les pères disposaient de leurs biens après eux comme bon leur semblait, et le seigneur de Campireali pouvait fort bien laisser mille écus à sa fille pour toute fortune. Un autre problème tenait l’imagination de Jules profondément occupée : 1o dans quelle ville établirait-il la jeune Hélène après l’avoir épousée et enlevée à son père ? 2o Avec quel argent la ferait-il vivre ?

Lorsque le seigneur de Campireali lui adressa le reproche sanglant auquel il avait été tellement sensible, Jules fut pendant deux jours en proie à la rage et à la douleur la plus vive : il ne pouvait se résoudre ni à tuer le vieillard insolent, ni à le laisser vivre. Il passait les nuits entières à pleurer ; enfin il résolut de consulter Ranuce, le seul ami qu’il eût au monde ; mais cet ami le comprendrait-il ? Ce fut en vain qu’il chercha Ranuce dans toute la forêt de la Faggiola, il fut obligé d’aller sur la route de Naples, au delà de Velletri, où Ranuce commandait une embuscade : il y attendait, en nombreuse compagnie, Ruiz d’Avalos, général espagnol, qui se rendait à Rome par terre, sans se rappeler que naguère, en nombreuse compagnie, il avait parlé avec mépris des soldats d’aventure de la compagnie Co-