dans la manière de voir ; loin de tendre à changer ce que je trouve à reprendre chez Octave, elle fortifiera ses habitudes bourgeoises, et par ce mariage vous abîmez notre famille. — Octave est appelé à la chambre des Pairs, il y sera un noble représentant de la jeunesse française, et par son éloquence conquerra de la considération personnelle. — Il y a presse ; tous ces jeunes Pairs prétendent à l’éloquence. Eh mon Dieu ! ils seront dans leur chambre comme dans le monde, parfaitement polis, fort instruits, et voilà tout. Tous ces jeunes représentants de la jeunesse française seront les plus grands ennemis d’Octave qui a au moins une manière de sentir originale.
Madame de Malivert revint fort tard à Andilly, avec une lettre charmante pour Armance, dans laquelle M. de Malivert lui demandait sa main pour Octave.
Quoique bien fatiguée de sa journée, madame de Malivert s’empressa de passer chez madame de Bonnivet qui ne devait apprendre ce mariage que par elle. Elle lui fit voir la lettre de M. de Malivert à Armance ; elle était bien aise de prendre cette précaution contre les gens qui pourraient faire changer l’opinion de son mari. Cette démarche était d’ailleurs nécessaire, la marquise était en quelque sorte la tutrice d’Armance. Ce titre lui ferma la bouche. Madame de Malivert fut reconnaissante de l’amitié dont madame de Bonnivet fit preuve pour Octave en n’ayant point l’air au fond d’approuver ce mariage. La marquise se renferma dans les grandes louanges du caractère de mademoiselle de Zohiloff. Madame de Malivert n’eut garde d’oublier la démarche qu’elle avait faite auprès d’Armance plusieurs mois auparavant, et le noble refus de la jeune orpheline, alors sans fortune.
Eh ! ce ne sont pas les nobles qualités d’Armance sur lesquelles mon amitié pour Octave a besoin d’être ranimée, dit la marquise. Elle ne tient à quelque chose que par nous. Ces