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de voir Armance agir sous ses yeux. Ces moments ne furent perdus ni pour madame d’Aumale, piquée de ce qu’on négligeait de l’amuser, ni pour Armance, ravie de voir l’homme qu’elle adorait s’occuper d’elle uniquement.

La promotion dans l’ordre du Saint-Esprit paraissait retardée ; il fut question du départ de madame de Bonnivet pour le vieux château situé au fond du Poitou qui donnait son nom à la famille. Un nouveau personnage devait être du voyage, c’était M. le chevalier de Bonnivet, le plus jeune des fils que le marquis avait eus d’un premier mariage.


XXV


Totus mundus stult.
Hungariæ R***.


À peu près à l’époque de la blessure d’Octave, un nouveau personnage était arrivé de Saint-Acheul dans la société de la marquise. C’était le chevalier de Bonnivet, troisième fils de son mari.

Si l’ancien régime eût encore existé, on l’eût destiné à l’ordre épiscopal, et quoique bien des choses soient changées, une sorte d’habitude de famille avait persuadé à tout le monde et à lui-même qu’il devait appartenir à l’Église.

Ce jeune homme, à peine âgé de vingt ans, passait pour fort savant ; il annonçait surtout une sagesse au-dessus de son âge. C’était un être petit, fort pâle ; il avait le visage gros, et au total quelque chose de l’air prêtre.

Un soir on apporta l’Étoile. L’unique bande de papier qui ferme ce journal se trouvait mal posée ; il était évident que le