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sait supporter avec patience les longues explications qu’elle jugeait nécessaires à sa conversion.

Bientôt, parmi ses nouvelles connaissances, Octave fut désigné comme l’inséparable de cette marquise de Bonnivet, si célèbre dans un certain monde, et qui, à ce qu’elle pensait, faisait sensation à la cour quand elle daignait y paraître. Quoique la marquise fût une fort grande dame tout à fait à la mode, et d’ailleurs fort belle encore, ces avantages ne faisaient aucune impression sur Octave ; il avait le malheur de voir un peu d’affectation dans ses manières, et dès qu’il apercevait ce défaut quelque part, son esprit n’était plus disposé qu’à se moquer. Mais ce sage de vingt ans était loin de pénétrer la véritable cause du plaisir qu’il trouvait à se laisser convertir. Lui, qui tant de fois s’était fait des serments contre l’amour, que l’on peut dire que la haine de cette passion était la grande affaire de sa vie, il allait avec plaisir à l’hôtel de Bonnivet, parce que toujours cette Armance qui le méprisait, qui le haïssait peut-être, était à quelques pas de sa tante. Octave n’avait aucune présomption ; la principale erreur de son caractère était même de s’exagérer ses désavantages, mais s’il s’estimait un peu, c’était sous le rapport de l’honneur et de la force d’âme. Il s’était dégagé sans ostentation et sans faiblesse aucune de plusieurs opinions ridicules mais agréables à avoir, et qui sont des principes pour la plupart des jeunes gens de sa classe et de son âge.

Ces victoires qu’il ne pouvait se dissimuler, par exemple son amour pour l’état militaire, indépendant de toute ambition de grade et d’avancement, ces victoires, dis-je, lui avaient inspiré une grande confiance dans sa fermeté. C’est par lâcheté et non par manque de lumières que nous ne lisons pas dans notre cœur, disait-il quelquefois, et à l’aide de ce beau principe, il comptait un peu trop sur sa clairvoyance. Un mot qui lui eût dénoncé qu’un jour il pourrait avoir de l’amour