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figure de cet animal est disposée de manière à ce que l’œil juge sur-le-champ, et sans effort, combien les bergers sont éloignés.

En revenant de la surprise que cause ce tableau, on croit d’abord qu’il était possible de donner à la mère du Christ une position plus avantageuse. Elle a la tête inclinée vers son fils et on n’aperçoit que le front ; mais en y réfléchissant on voit qu’il n’était pas possible de prendre un autre parti sans tomber dans un effet de lumière peu agréable. La clarté vient du corps de l’enfant et elle est très vive. Si le peintre n’eût pas caché la figure de Marie, une lumière vive venant d’en bas eût jeté des ombres très fortes, elle eût produit un effet bizarre et, par cela seul, rompu le charme du tableau.

L’enfant aussi est placé avec beaucoup de talent. On le voit dans un raccourci tel qu’à peine on distingue son visage. L’on aperçoit très bien, au contraire ses mains et ses pieds. Le Corrège n’a pas voulu présenter la figure d’un enfant nouveau-né, chose qui nous est peu agréable, parce que nous ne sommes pas accoutumés à la voir. On voit qu’il aimait mieux cacher les choses qui ne sont pas belles dans la nature que d’altérer la vérité en leur donnant une beauté qu’elle