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II

Madame veuve Naündorff-Einert, vue de face

Elle est prise au naturel à l’âge d’environ quatre-vingts ans. L’effet qu’elle produit n’est pas à son avantage. On croit voir une bonne bouchère retirée du commerce, ou une marchande de pommes de terre frites endimanchée. Point de cou, bouffissure des joues, petits yeux enfoncés rappelant la ruse prussienne, front haut sans ride. Quoique la pose soit de face, le nez semble aquilin ou plutôt arqué à la juive : il a pu être beau jadis. Il n’est pas étonnant que Naündorff ayant eu un nez du genre de celui de sa femme, le nez de leurs enfants ressemble aux leurs et, partant, quelque peu à celui des Bourbons. Quant à la bouche de Mme Naündorff, elle conserve un tantinet de finesse... au moins pour savourer la fine cuisine, quand on lui en donne à Bréda !

Devenue douairière sans douaire, la bonne femme doit penser avec le poète Demoustier, que

La fleur de la beauté n’est qu’une illusion.

Et encore avec Molière :

Quand l’hiver a glacé nos guérets,
Le printemps vient reprendre sa place,
Et ramène à nos champs leurs attraits ;
Mais hélas ! quand l’âge nous glace,
Nos beaux jours ne reviennent jamais.