Page:Steinheil - Mes Memoires, 1912.djvu/398

Cette page n’a pas encore été corrigée

394 MES MÉMOIRES

reur, peut-être à cause de la date, peut-être parce qu’on ne me l’avait fait écrire que pour m’effrayer et me faire croire que vraiment tu étais folle, et que tu menaçais de tuer !... Tu devines mon état. Je me mis à croire une partie de ce qu’on me disait. Je pensais, que tu étais devenue folle de chagrin et que tu voulais vraiment nous faire du mal, même à moi. Pardonne-moi, maman.

« Le lendemain, Edouard retourna à Paris. Le soir, M. Bw. arriva à l’improviste et dit : « Tante « Mimi (Mme Seyrig) est venue me voir, à Paris, et « a exigé de savoir où tu étais. Je lui ai dit que tu « étais ici et j’ai dû promettre de te laisser aller voir « ta mère. »

« On me conduisit à Paris, et là j’allai chez les L..., où eut lieu une sorte de conseil de famille. Tout le monde était là, les oncles, les tantes, leurs enfants. De nouveau, on me terrorisa, on te décrivit sous un jour affreux, tellement que je demandai à ne pas aller te voir, du tout, tant j’avais peur. Et, rappelle-toi, maman, j’étais malade. On me fît jurer qu’après cette courte visite au Vésinet, je ne te reverrais jamais. « Si elle insiste, dis que tu es libre, que tu es « émancipée. Tu ne seras jamais assez sévère pour « ta mère. Elle nous menace tous. Il faut que tu la « voies, que tu la calmes et que tu lui dises que tout « est fini entre vous ». Peut-être étaient-ils convaincus qu’ils agissaient justement.

« Tante Mimi, elle, me dit que tu allais faire du théâtre, du music-hall, que l’honneur de la famille était menacé... Le lendemain, j’allai au Vésinet. Tante Mimi alla là-bas en automobile — elle fut même photographiée en route, et le journal qui publia cette photographie indiqua que c’était moi, allant voir ma mère ! Edouard et moi, nous prîmes le train pour Le Pecq et, de là, allâmes à pied au Vésinet, pour dépister les journalistes. En route, Edouard me fit répéter vingt fois ce que je devais te dire. J’étais plus morte que vive en entrant dans ta chambre. Tu sais le reste, ma pauvre maman,