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166 MES MÉMOIRES

cette révélation les aurait fait cesser, ,car le vol des lévites prouvait la vérité de mon récit du crime, dont l’étrangeté avait surpris bien des gens, — mais cela me paraît un acte de cruauté impardonnable de ne pas m’avoir annoncé, à moi, cette découverte capitale !

On aurait pu trouver nécessaire de me faire jurer de garder la chose secrète. Mais comment aurai-je pu manquer de garder un tel secret ? N’était-il pas suffisant pour assurer ma discrétion de me dire que la piste perdrait de sa valeur si j’étais indiscrète ? On dira peut-être que ce que la police faisait ne me concernait pas, bien qu’il s’agisse d’un crime où j’avais perdu mon mari et ma mère. Mais mon cas était un cas spécial. La rumeur et certains journaux donnaient presque à entendre que j’étais coupable, et l’on me disait de toutes parts que l’opinion m’était hostile. Mon récit du crime faisait hausser les épaules à des milliers de gens. On trouvait invraisemblable que des assassins se soient déguisés de la façon que j’avais décrite... J’avais inventé cette histoire de robes noires... et ainsi de suite. Mais la découverte que trois robes noires et un manteau noirs, absolument pareils à ceux que j’avais décrits, avaient été volés peu avant le crime, prouvait naturellement l’absolue vérité de mon récit. Et si la police ne désirait pas que le public soit au courant de cette découverte, on aurait pu tout au moins m’en parler à moi, ne fût-ce que pour me donner le courage d’endurer les monstrueuses insinuations de certains journaux et de certaines gens, et de supporter courageusement la sensation atroce de tous ces soupçons qui pesaient sur moi injustement. Car je me serais dit : Ce sera bientôt fini ; on pourra bientôt faire éclater la vérité, dire à tout le monde que mon récit du crime est vrai, faire connaître au public le vol des robes noires au Théâtre Hébreu et mettre fin à toutes les attaques et à tous les soupçons.

L’une des cartes trouvées par M. Villemant dans