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MES MÉMOIRES 165

sition des tableaux de M. Steinheil, Les deux cartes avaient été trouvées l’une à côté de l’autre, dans le compartiment, et avaient, à n’en pas douter, été perdues par le même individu.

M. Villemant déclara en outre que l’endroit où il avait trouvé les deux cartes « venait d’être quitté par un jeune homme en blouse », qu’il « paraissait ivre » et qu’il « maniait des pièces d’or dans son porte-monnaie ». Il ajouta ce renseignement curieux, étant donné que l’individu en question était en blouse : le compartiment était un compartiment de première classe.

Or, le 30 mai 1908, six heures avant le crime, trois robes noires et un long manteau noir — semblables en tous points à ceux que j’avais décrits comme ayant été portés par les trois hommes de la nuit fatale et la femme rousse, furent volés, au Théâtre Hébreu, à Paris, — et c’est précisément à ce M. Guilbert, dont le nom et l’adresse se trouvaient sur la carte trouvée dans le Métropolitain, en même temps que l’invitation à l’exposition Steinheil, que ces trois robes noires et ce long manteau noir avaient été loués par le Théâtre Hébreu !

Pourquoi ne m’avait-on pas aussitôt mise au courant de ces faits essentiels ? Pourquoi ne m’en parla-t-on que bien des semaines après qu’ils avaient eu lieu ?... C’est inexplicable.

Je conçois qu’on n’ait pas voulu en faire part aux journaux, car, bien que la presse soit souvent utile à la police en publiant la description ou le portrait d’un criminel qu’on recherche, par exemple, il est clair que la divulgation prématurée d’une piste qui ne peut être suivie utilement que si celui qu’on suit ne se doute de rien, peut empêcher les recherches de la police d’aboutir.

Je puis donc comprendre pourquoi la nouvelle de cette découverte sensationnelle du vol des robes noires, quelques heures avant le crime, ne fut pas transmise aux journaux, malgré les attaques voilées, mais transparentes publiées contre moi, et bien que