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b INTRODUCTION

fût-ce que parce que le mystère de l’impasse Ronsin a eu un dénouement et non une solution.

J’ai écrit ces Mémoires, cette histoire rigoureusement exacte de ma vie, parce que beaucoup des faits importants et significatifs qui l’ont marquée n’ont jamais été révélés au public ; je les ai écrits pour convaincre les sceptiques de mon innocence, pour me réhabiliter aux yeux de ceux qui doutent, pour me justifier d’une manière explicite et complète — et sans colère — contre ceux qui m’ont perdue, m’ont traînée dans la boue, ont excité l’opinion publique contre moi et m’ont torturée comme peu d’êtres — le ciel en soit loué — ont été torturés.

C’est une étrange histoire que j’ai à dire, la douloureuse histoire d’une vie dont les premiers chapitres furent comme un chant radieux de beauté et de bonheur ; les chapitres suivants, un drame poignant, à la fois étincelant et pathétique, héroïque parfois et parfois pitoyable ; et les derniers chapitres, une effroyable tragédie.

Je dois ces Mémoires au public, anxieux de savoir la vérité, toute la vérité ; je me les dois à moi-même et je les dois à mon unique enfant, ma fille Marthe, dont l’injuste martyre, hélas ! a été presque aussi cruel que le mien.

Je ne fais pas appel à la pitié du lecteur, ni à son indulgence, ni même à sa sympathie ; j’ai la conviction qu’il éprouvera ces sentiments à mon égard, quand il saura... Je fais seulement appel à son bon sens et à ses sentiments de justice.

M. S.