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DES CATHÉDRALES GOTHIQUES.

pendant huit années, et après lui Bernard de Soissons, resté trente-cinq ans sur la brèche, auteur des premières voûtes de la nef et de la grande rose. En 1241 le chœur était inauguré et le chapitre pouvait s’y installer ; en 1291, soit un demi-siècle après, le vaisseau de la nef était complètement clos, les admirables sculptures des portails, copiées ou imitées dans un lointain rayon et jusqu’à Bamberg, étaient depuis longtemps achevées ; et il n’est pas superflu d’observer que Bernard de Soissons a dû importer dans la ville dont il porte le nom, à Saint-Jean-des-Vignes, une imitation évidente de la façade de la cathédrale de Reims, et d’ajouter qu’il fut jusqu’à sa mort (entre 1290 et 1298) un fidèle et régulier observateur des traditions suivies par plusieurs générations dans les chantiers de cette cathédrale. Après lui, au contraire, Robert de Coucy, maître de l’œuvre de Saint-Nicaise et de Notre-Dame, décédé en 1311, fut un novateur, et on peut sans crainte d’erreur lui attribuer les deux tours. Si grand avait été le prestige de cette cathédrale, que le plan ou l’empreinte s’en retrouve à Saint-Quentin, à Notre-Dame-de-l’Épine, à Cambrai, à Châlons, et jusqu’en Angleterre. Villard de Honnecourt l’admirait bien avant son achèvement ; l’art du moyen âge s’est surpassé là comme à Chartres et à Amiens. Et après cette série à peu près ininterrompue de maîtres d’œuvre éminents, il suffira de mentionner, sans plus insister, ceux du xive siècle, Colard en 1318, Gilles de Saint-Nicaise en 1352-1358, Gilles le Macon, qui est peut-être le même que le précédent, mentionné en 1383, Jean