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LES ARCHITECTES

construction d’après les plans dessinés d’avance et étudiés à fond. C’est ainsi, par exemple, que le célèbre Raimond du Temple, à la fois maître des œuvres de maçonnerie du roi et maître de l’œuvre de la cathédrale de Paris (de 1363 à 1404 environ), abandonne souvent ces deux fonctions absorbantes pour aller en mission ou en expertise dans des provinces très différentes ; mais en même temps il y avait au moins un maçon juré de l’église de Paris, dont la présence (il se nommait en 1388 Colin Gille) ne peut s’expliquer qu’en le considérant comme suppléant désigné en cas d’absence du maître. Ce paraît avoir été aussi le cas de maître Berthaut, « juré de l’œuvre » de la cathédrale de Chartres en 1316. Pons Gaspar, auteur du chevet de la cathédrale de Mende, est qualifié maître de l’œuvre, mais ne réside pas même dans cette ville ; dans le traité qu’il conclut avec le chapitre, il s’engage à se présenter dans la huitaine, chaque fois que le chapitre croira devoir faire appel à ses lumières pour trancher des difficultés non prévues ou prendre d’importantes décisions ; or on sait qu’il vint assez rarement et que le véritable architecte fut un sous-ordre, Jean Durant, qui paraît tous les jours sur le chantier, manie le ciseau et le marteau, à la fois ouvrier et architecte. Un des principaux maîtres d’œuvre de Rouen au xiiie siècle, Robert Roussel, prend l’engagement solennel de consacrer son temps et ses talents au service de l’abbaye de Saint-Ouen, et promet en même temps de ne s’occuper d’aucune autre œuvre de maçonnerie, pour qui que ce soit, sans autorisation expresse de l’abbé. Tant de précautions