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DES CATHÉDRALES GOTHIQUES.

tudes, offrent le plus splendide ensemble d’édifices analogues : les cathédrales gothiques. Leurs auteurs furent longtemps ignorés. Il y a cent ans, on pouvait à grand’peine citer une douzaine de noms d’architectes : aujourd’hui, grâce au dépouillement passionné des archives et au zèle inlassable des archéologues, ils sont légion, et s’il subsiste encore beaucoup de lacunes à combler, si la biographie de ces artistes se résume en quelques dates, éléments d’information précieux mais insuffisants, on peut du moins, par des comparaisons multiples et des conjectures que justifient certains détails de construction, arriver à former une synthèse de toutes les indications recueillies jusqu’à présent. C’est ce que nous allons tenter. Science vagabonde, l’archéologie n’a pu progresser que le jour où, scientifiquement, l’on s’est donné la peine de franchir les frontières de chaque province et de la France elle-même, et d’examiner avec soin les particularités de chaque centre d’activité, pour en saisir toute la portée et en étudier le complet épanouissement.

Le gothique, a dit Huysmans, est « le déploiement de l’âme dont l’architecture romane est le repliement ». Cet art, auquel on a accolé l’épithète absurde de « gothique », source de notions fausses, fut longtemps incompris et méprisé[1]. Après le retour aux traditions anciennes, le goût s’était modifié, et l’enseignement de la Renaissance avait créé à l’égard de l’art du moyen âge une

  1. Le moyen âge, au contraire, était loin de dédaigner les beautés de l’art grec. Par exemple, le roi d’Aragon, en 1380, envoie douze hommes en Grèce, pour garder l’Acropole.