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LES ARCHITECTES

art français. Les apôtres de cette expansion se recrutent dans le clergé régulier, principalement chez les Cisterciens dont les couvents épars sont toujours bâtis, dans la seconde moitié du xiie et au xiiie siècle, sur des modèles empruntés à la Bourgogne ; ce sont les princes de la maison de France, qui choisissent des artistes parmi leurs compatriotes et les emmènent à leur suite ; ce sont des prêtres autochtones qui, promus archevêques hors de France, se souviennent du chef-d’œuvre qui embellit la métropole à l’ombre de laquelle ils ont grandi ; ce sont de simples ouvriers étrangers qui, venus dans nos chantiers pour y faire leur apprentissage auprès de maîtres éminents, et devenus maîtres à leur tour, ont rapporté dans leur patrie des procédés et des plans dont ils ne tardèrent pas à faire usage instinctivement ; c’est enfin cette puissante civilisation qui, au temps de Louis IX et de Philippe IV, débordant sur le monde entier, sut faire triompher un art né dans le bassin de la Seine et devenu en peu de temps universel.

Un chroniqueur anglais, témoin de l’incendie qui détruisit le chœur de la cathédrale de Canterbury en septembre 1174, rapporte que, parmi les architectes français et anglais venus pour donner leur avis sur la reconstruction, le choix du chapitre se fixa sur Guillaume de Sens, « aussi habile en charpenterie qu’en architecture ». Celui-ci accepta, mais trois ans après le pauvre homme tombait d’un échafaudage d’une hauteur de cinquante pieds, restait des mois entiers au lit et ne pouvant se rétablir, regagna de son mieux sa patrie. Il avait réédifié la nef ; le confrère anglais qui le