Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

il ne nous fait pas oublier que ce district est odieusement infesté de perce-oreilles. Après eux, venaient comme importance et comme nombre, les fourmis blanches, dont le pouvoir destructeur est tout simplement terrifiant. Portemanteaux, nattes, vêtements, étoffe ; bref, tout ce que j’avais semblait devoir disparaître ; je craignais que ma tente ne fût dévorée pendant mon sommeil. Enfin, après une halte de trois jours, je me décidai à reprendre la marche.

Le 22 mai, toutes nos caravanes, celle de Thani, celle de Jiamed, cinq ou six autres et la mienne, se réunissaient à Cougno, station qui est à trois heures et demie de celle de Mpouapoua. Ce village, protégé par les montagnes, ne sent rien des rafales qui tombent des pentes voisines ; mais l’eau y est exécrable ; c’est à elle que la plaine déserte, qui sépare le Sagara du pays de Gogo, doit le nom de Marenga-Mkhali, c’est-à-dire eau amère.

Cette eau tua cinq de mes meilleurs ânes, ne m’en laissant plus que quatre, dont pas un n’était bien portant.

Notre caravane, à la sortie de Cougno, était réellement imposante : près de quatre cents hommes, beaucoup de fusils, des drapeaux, des tambours, des trompes, des cris et des chants, un bruit effroyable.

La bande était conduite par le cheik Hamed, qui avait reçu de Thani et de moi-même la mission de la commander ; notre choix n’était pas heureux.

Hamed était un tout minime personnage, petit et mince, qui compensait l’exiguïté de ses proportions par une activité dévorante. Jamais de repos. Même