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arrêter dans cette situation ; je fis donc avancer les soldats et les ânes, que suivirent les pagazis ; et, après avoir pataugé de nouveau trois heures dans quatre pieds d’eau, nous abordâmes sur une terre sèche.

Le marais était franchi ; mais les horreurs de cette marche nous avaient laissé une impression durable. Personne ne pouvait en oublier les fatigues, ni les nausées. Impression douloureuse que la suite rendit encore plus vive. À dater de cette époque, nos ânes moururent par deux et trois chaque jour ; il n’en resta plus que cinq, entièrement épuisés. Soldats et porteurs eurent des maux sans nombre ; moi-même, je fus mis aux portes du tombeau par une dysenterie aiguë.

Le 4 mai, après avoir monté une faible pente, nous nous arrêtâmes à Rennéco, premier village du Sagara où nous ayons campé. C’est un gros bourg, placé au pied de la montagne, bien situé, en bel et bon air, et qui nous promettait à la fois santé et confort. D’épaisses murailles, bâties en argile et formant un carré, enferment ses huttes coniques, peuplées d’un millier d’âmes. Aux environs, sont d’autres villages riches et populeux.

Nous passâmes quatre jours dans cet agréable endroit pour nous remettre un peu, avant de tenter l’escalade des monts du Sagara ; puis, malgré leur faiblesse, bêtes et gens gravirent les flancs abrupts des premiers degrés de la chaîne.

Arrivés au sommet, nous vîmes se déployer, comme en un tableau de maître, la vallée de la Moucondocoua, avec ses cours d’eau, semblables à des câbles d’argent que le soleil faisait étinceler ; avec ses bois de