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un homme en pièces. Du haut de la montagne, il exterminerait tous les gens de la ville, hommes, femmes, enfants et guerriers, avant que pas un de vos soldats pût arriver au sommet. Il viendra ; ce sera la guerre ; la route sera fermée. Le sultan de Zanzibar marchera contre vous ; les hommes de l’Oudoé et ceux du Cami prendront leur revanche ; et de la cité de votre père ils ne laisseront pas pierre sur pierre. Délivrez les soldats du mousoungou ; faites-leur donner le grain qu’ils demandent, et laissez-les partir avec tout ce qu’ils réclament ; car peut-être l’homme blanc est-il déjà en route pour vous attaquer. »

Ce tableau de ma puissance avait produit un bon effet, puisque mes soldats avaient été relâchés, et qu’on leur avait fourni assez de grain pour nourrir tous mes hommes pendant quatre jours ; mais, des objets qu’on leur avait pris ou qui appartenaient au cuisinier, on ne leur avait rendu, avec le baudet, qu’un fusil, le quart de leurs munitions, une paire de lunettes, un livre imprimé en caractères du Malabar, et un vieux chapeau, dont personne ne croyait plus revoir le propriétaire.

Dès que mes hommes avaient été libres, Thani, le bon Arabe, les avait emmenés à Simbo ; et c’était dans son camp, où ils étaient comblés de riz et de beurre fondu, que Shaw les avait recouvrés.

À ce récit, mon indignation n’eut pas de borne ; et, si j’avais été près de la dame, je m’en serais vengé sur ses faubourgs. Mais ces quatre jours d’attente m’avaient paru si longs que, dans ma joie de revoir mes trois soldats, ma colère ne put se soutenir ; et je