Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

à nous voir foudroyés par la fièvre. Heureusement qu’il n’en fut rien ; mais on ne se figure pas ce que c’est que de faire passer dix-sept ânes chargés, conduits par sept hommes seulement, dans un sentier d’un pied de large, qui serpente au milieu d’un fourré inextricable, entre deux murs épineux, dont les grappins s’avancent et accrochent tout ce qui est à plus de quatre pieds du sol : juste la hauteur à laquelle se trouvent les ballots, qu’il faut sans cesse décharger et recharger. Les hommes n’en pouvaient plus, et, dans leur découragement, ne reprenaient leur tâche qu’après avoir essuyé des flots de paroles acerbes. Lorsque j’atteignis le campement désigné, qui est à la sortie du hallier, j’étais seul avec les dix ânes dont j’avais pris la conduite.

Remis de l’extrême fatigue de cette marche, nous quittâmes Msouhoua le 10 avril, escortés des gens du village, qui nous accompagnèrent jusqu’à leur estacade, en nous adressant de bienveillants adieux.

Le 12, nous atteignîmes Moussoudi, qui est au bord de la rivière Ougérengeri.

La route, ce jour-là, fut excellente ; pas un paquet dérangé, pas une cause d’impatience. Une fois chargés, les ânes n’eurent plus qu’à marcher devant eux. Ils parcouraient un pays magnifique, splendide dans sa sauvagerie, plein d’arbustes odorants, parmi lesquels je reconnus la sauge et l’indigotier. Ce beau parc s’étend jusqu’aux montagnes qui séparent l’Oudoé du