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apparut, suivi de toute la bande. Ses malades allaient beaucoup mieux ; cependant un jour de repos leur était nécessaire.

Dans l’après-midi, il fit le siège de ma générosité en me racontant les filouteries dont Sour Hadji Pallou l’avait rendu victime ; mais je me bornai à lui promettre de nouveau que, s’il atteignait rapidement le pays de Mouézi, il aurait lieu d’être satisfait de moi. Il se mit en marche le 5 avril, prenant cette fois l’avance, et m’affirmant que je ne le rejoindrais pas, quelle que fût la hâte que je pourrais déployer.

Le lendemain matin, voulant tirer mes gens de leur torpeur, je battis un joyeux rappel sur la poêle avec une cuiller de fer, et j’annonçai le départ. L’appel fut d’un excellent effet, car on y répondit avec empressement. Mais la longue marche qui suivit prouva combien le séjour de Kingarou avait affaibli et démoralisé ma bande, soldats et porteurs. Quelques uns d’entre eux seulement eurent la force de gagner la station avant la nuit. Les autres n’arrivèrent que le lendemain, et dans un état pitoyable d’esprit et de corps.

Nous partîmes le 8 pour Msouhoua ; une marche de seize kilomètres tout simplement, mais qui est restée dans notre souvenir comme l’une des plus pénibles que nous ayons jamais faites : tout entière dans une jungle, n’ayant que trois éclaircies où l’on pût reprendre haleine.

Quel travail, et quel endroit ! Les miasmes, les effluves des plantes en décomposition étaient d’une âcreté si pénétrante, que je m’attendais à chaque instant