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Kingarou est situé dans le creux d’un pli de terrain. Les tentes n’étaient pas encore dressées que l’avant-coureur de la masica fondait sur nous, en averse suffisante pour éteindre l’amour naissant que je ressentais pour l’Afrique. Le camp fut achevé en toute hâte, les ballots turent mis à couvert et nous pûmes regarder avec résignation les énormes gouttes d’eau qui, battant le sol, en faisaient une boue singulièrement tenace, et nous entouraient de lacs et de rivières. Le même soir, mon cheval arabe me parut souffrant ; le lendemain, il était mort. Pour ne pas rendre pire le mauvais air de l’endroit, je fis enterrer le pauvre animal à vingt mètres du camp. Là-dessus, grand courroux du chef qui réunit ses collègues des bourgades voisines – chacun de ces hameaux pouvait bien avoir deux douzaines de huttes en clayonnage. Le conseil délibère, et finit par déclarer que le fait d’avoir enterré un cheval mort sur le territoire de Kingarou, et de l’avoir fait sans permission, est une injure grave, passible d’une amende. Ce différend fut arrangé après quelques pourparlers.

Malheureusement mon second et dernier cheval mourut le lendemain matin, juste quinze heures après son compagnon. À cette double perte, s’ajoutait l’ennui que me donnait ma quatrième caravane. Le 1er, le 2, le 3 avril s’étaient écoulés depuis l’époque où elle devait me rejoindre, et je l’attendais toujours.

Outre le temps perdu, cette halte prolongée avait rendu malades dix de mes hommes. Enfin, le 4 avril, les sons d’une trompe, joints au bruit des mousquets, nous annoncèrent l’arrivée d’une caravane, et Maganga