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rencontré dans le pays de Couéré ; il s’appelle Rosaco. Je fus forcé d’y laisser encore la troupe de Maganga, à cause des maladies dont elle était atteinte. Excepté aux environs des bourgades, il n’y avait pas trace de culture. Le pays, d’une station à l’autre, n’était qu’un désert aussi sauvage, aussi abandonné que le Sahara, mais d’un aspect bien autrement agréable. Notre premier père, s’éveillant dans cette partie de l’Afrique et en découvrant les beautés, n’aurait pas eu sujet de se plaindre.

Si pressé que je fusse d’atteindre le Mouézi, j’avais une telle inquiétude au sujet de ma quatrième bande, que je m’arrêtai avant d’avoir fait quatorze kilomètres, et que je donnai l’ordre de camper. À peine eut-on fini de décharger, et d’entourer le camp d’une forte palissade, que nous nous aperçûmes de la prodigieuse quantité d’insectes qui nous entouraient, et qui devinrent pour moi une nouvelle source d’anxiété.

J’y distinguai trois mouches dont la dernière, qui dans le pays s’appelle tchoufoua, donnait un son faible et grave, allant crescendo. Elle était plus grosse d’un tiers que la mouche domestique, avait de grandes ailes, faisait moins de bruit que les autres, mais plus de besogne ; c’était assurément la plus terrible. Les chevaux et les ânes ruaient et se cabraient sous sa piqûre, qui faisait ruisseler le sang. Vorace au point de se laisser prendre plutôt que de fuir avant d’être gorgée, elle était facilement détruite ; mais on avait beau en écraser, le nombre allait toujours croissant. J’ai reconnu plus tard que cette mouche était la formidable tsé-tsé, la seule dont la piqûre est mortelle pour le cheval, le