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Bombay, bien que toujours sûr, paraissait avoir du penchant pour les haltes ; Oulédi faisait plus de bruit que de besogne ; tandis que Férajji, l’ancien déserteur de Speke, et Mabrouki, le manchot, se montraient pleins de courage, portant des charges dont la vue aurait effrayé un porte-faix de Stamboul.

Les trois jours suivants furent employés à compléter nos préparatifs de départ, et à nous précautionner contre la masica, dont les signes précurseurs étaient de plus en plus marqués.

Enfin : « Voyage, jour de voyage ! En marche, en marche ! » crie fortement le kirangozi, dont la voix joyeuse a pour écho celle du bon Sélim, mon tambour-major, mon serviteur, mon interprète, mon utile auxiliaire. Et nous partons décidément.

La route, un simple sentier, se déroulait sur une terre qui, bien que sableuse, était d’une fertilité surprenante : cent pour un de la semence, et les légumes en proportion ; le tout semé et planté de la façon la moins habile. Hommes et femmes travaillaient dans les champs sans s’inquiéter de bien faire. À notre approche, ils quittèrent leur ouvrage : ces hommes blancs, vêtus de flanelle, chaussés de grandes bottes, coiffés de chapeaux brevetés contre le soleil, étaient à leurs yeux des êtres monstrueux. Nous passâmes devant eux d’un air grave, tandis qu’ils riaient et gambadaient en se montrant du doigt tout ce qu’ils trouvaient de bizarre dans des gens si fort empaquetés. .

Une heure et demie de marche nous conduisit dans la vallée du Kingani ; elle s’offrit à nos regards tellement différente de ce