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adieu à la vie civilisée, à ses loisirs ; adieu à l’Océan, à sa route largement ouverte qui mène chez moi ; adieu à la foule de bruns spectateurs qui saluaient notre départ de coups de feu répétés. Les ascaris étaient responsables de nos dix-sept ânes et de leurs charges ; Sélim conduisait la petite charrette, qui portait les munitions ; Shaw, coiffé d’un liège en forme de barque renversée, chaussé de bottes fortes et monté sur un âne, fermait la marche ; tandis que, sur son beau cheval, le Bana Mkouba, c’est-à-dire le grand maître, comme on l’appelait, moi enfin, directeur et narrateur en chef de l’expédition, j’étais à l’avant-garde.

Notre sortie fut très brillante. La foule se pressait sur notre passage, et des salves de mousqueterie célébraient notre départ. Chacun de nous était plein d’ardeur ; les soldats chantaient, le kirangozi poussait des rugissements sonores, et agitait le drapeau étoilé qui disait à tous les spectateurs : cette caravane est celle d’un homme blanc (mousoungou) !

Autour de nous, un pays charmant : des arbres étrangers, des champs fertiles, une végétation riante. J’écoutais la voix du grillon, celle du tringa, le sibilement des insectes ; tous semblaient me dire : « Enfin vous êtes partis ! » Que pouvais-je faire ? sinon lever les yeux vers le ciel, et jeter ce cri du fond de l’âme : Dieu soit loué !

Après une marche de cinq kilomètres nous nous arrêtâmes à Chamba Gonéra ; il était alors une heure et demie.

Déjà les caractères commençaient à se révéler ;