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Les fonctionnaires de Caolé ne se montraient pas serviables. Le djémadar ou chef des Béloutchis en garnison à Bagamoyo s’était borné à me faire une visite après la réception de la lettre du sultan de Zanzibar ; et Narandji, employé de la douane, n’avait répondu à la requête de son chef en ma faveur que par des signes de tête, des clignements d’yeux et des promesses qui ne l’engageaient guère. Aussi, la première quinzaine s’écoula sans que j’eusse trouvé un porteur. Dans cette extrémité, je me rappelai qu’un loyal Hindou de Zanzibar, Tarya Topan, m’avait proposé d’écrire pour moi à un certain Hadji Pallou, qui, disait-il, bien que très jeune, n’avait pas son pareil pour former une troupe. Cet excellent garçon me conseilla de faire partir mon expédition par petites caravanes, parce qu’elles étaient bien préférables aux grandes : « celles-ci éveillaient la cupidité des chefs et provoquaient les attaques, tandis que les autres passaient inaperçues ». Son conseil me parut bon à suivre. Mais, pendant les six semaines que j’ai passées là, ce garçon de vingt ans m’a donné plus de fil à retordre que tous les escrocs de New York n’en donnent à la police. Dix fois par jour on le prenait la main dans le sac ; il n’en était pas même troublé.

Il en prit tant et si bien, malgré ma surveillance, que les trois mille cent dotis qui devaient suffire à payer cent quarante porteurs étaient dépensés. Or, je n’avais que cent trente hommes et Hadji Pallou m’apportait son mémoire dont le total s’élevait à quatorze cents dollars !

On se demandera pourquoi je n’avais pas rompu