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à faire partie de la caravane d’un autre homme blanc, ils me répondirent qu’ils accompagneraient volontiers un frère de leur ancien maître.

Bombay et Mabrouki

Bombay fut appelé de Pemba, île située au nord de Zanzibar. Il vint suivi de ses anciens compagnons, chacun à son rang, d’après le grade qu’il avait eu jadis. Tout d’abord, malgré sa figure ridée, sa grande bouche ; ses petits yeux, et son nez aplati, Bombay me fit une impression favorable. Je lui demandai s’il consentirait à être le chef de mon escorte, et à venir avec moi jusqu’au Tanguégnica. Sa réponse fut qu’il était prêt à faire tout ce que je voudrais, prêt à me suivre partout ; bref, à être le modèle des serviteurs et des soldats. Il espérait seulement avoir un uniforme et un bon fusil, deux choses qui lui furent promises.

Je lui parlai ensuite des autres fidèles du capitaine Speke. Il n’y en avait plus que six dans la ville. Chacun d’eux avait gardé la médaille attestant qu’il avait pris part à la découverte des sources du Nil. Mabrouki était devenu infirme. Le docteur Kirk, dont l’infortuné avait reçu les soins, était parvenu à rendre à l’une de ses mains quelque chose de la forme primitive   ; mais l’autre, un affreux moignon, ne pouvait plus servir. Malgré cette impotence, malgré sa laideur et sa vanité, malgré tout ce qu’en avait dit Burton[1], j’engageai Mabrouki, par cela seul qu’il avait accompagné Speke, et lui avait été fidèle.

Bombay, capitaine de l’escorte, me procura encore dix-huit volontaires ; qui, disait-il, ne déserteraient

  1. Voir Burton, Voyage aux grands lacs de l’Afrique orientale, Librairie Hachette, 1862, p. 121.