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« À propos de ce dernier, dis-je à M. Kirk, où pensez-vous qu’il soit maintenant ?

– Difficile de vous répondre. Il est peut-être mort ; vous savez qu’on l’a dit ; mais à cet égard on n’a rien de positif. Tout ce que je peux affirmer, c’est qu’il y a plus de deux ans qu’on n’a eu de ses nouvelles. Je crois cependant qu’il vit toujours. Nous lui envoyons continuellement différentes choses ; une petite caravane est même pour lui en ce moment à Bagamoyo. Il devrait bien revenir : le voilà qui vieillit, et, s’il mourait, ses découvertes seraient perdues. Il ne tient pas de journal, ne prend pas d’observations, ou très rarement ; il se borne à mettre sur une carte une note ou un signe dont personne ne connaît le sens. Assurément, s’il vit encore, il devrait bien revenir, et céder la place à quelqu’un de plus jeune.

– Quel homme est-il ? demandai-je, profondément intéressé.

– En général, très difficile à vivre. Je n’ai jamais eu à me plaindre de lui ; mais que de fois je l’ai vu s’emporter contre les autres ! Cela vient, je présume, de ce qu’il déteste avoir des compagnons.

– J’ai ouï dire qu’il était fort modeste, repris-je. Est-ce vrai ?

– Oh ! il sait parfaitement ce que valent ses découvertes ; personne ne le sait mieux que lui. Ce n’est pas un ange, pas tout à fait, ajouta le consul en riant.

– Mais, supposez que je le rencontre dans mes voyages, ce qui, après tout, ne serait pas impossible, quelle pourrait être sa conduite à mon égard ?

– À vous dire vrai, si vous le rencontriez, je doute