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Si l’on se plaignait de la sécheresse dans le Gogo, il en était bien différemment dans la plaine de la Macata. Tout y était inondé.

Le 13, nous sortîmes des villages de Mvoumi. Il avait plu toute la nuit et la pluie ne cessait pas.

Les kilomètres se succédèrent en pleine inondation, jusqu’au moment où un bras de la rivière, peu large, mais trop profond pour être passé à gué, nous arrêta. Un arbre fut abattu et dirigé en travers du courant ; les hommes enfourchèrent cette passerelle et s’y traînèrent en poussant leurs charges devant eux. Mais soit folie, soit excès de zèle, un écervelé, du nom de Rojab, prit la caisse où étaient les papiers du docteur, et sauta dans la rivière.

Passé d’abord, afin de surveiller la traversée, je venais de gagner l’autre rive, lorsque je vis cet homme en pleine eau, avec la précieuse boîte sur la tête. Tout à coup il enfonça ; un creux avait failli l’engloutir. J’étais à l’agonie. Il se releva heureusement ; et, le tenant au bout de mon revolver : « Prenez garde ! lui criai-je ; si vous lâchez cette boîte, je vous tue ! »

Tous les autres s’arrêtèrent, regardant leur camarade entre ces deux périls. Quant à lui, il avançait, les yeux fixes, attachés sur le revolver ; et, faisant un effort, désespéré, il atteignit la rive.