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mirent en quête de nourriture. Un bouquet de singoués, dont les fruits ressemblent à des prunes, fut découvert dans le voisinage ; les champignons abondaient aux alentours mais cela ne fit qu’apaiser leur faim dévorante.

Le lendemain, la position devint plus cruelle ; je plaignais nos pauvres gens, autant et plus qu’ils ne le faisaient eux-mêmes. Je leur montrais de la colère au moment où je les voyais près de défaillir, près de se coucher là, ce qui eût été leur perte. Quant à leur en vouloir, jamais personne n’a été plus éloigné de leur faire cette injure : j’étais trop fier d’eux tous. Mais la faiblesse eût été homicide : je ne devais ni écouter les plaintes, ni hésiter. Le seul fait de ma persistance à ne pas dévier de ma route produisait sur leur moral un heureux effet, et, bien qu’ils eussent la figure crispée et la voix gémissante, ils me suivaient avec une confiance dont j’étais vivement touché.

Heureusement j’avais pris les devants et après avoir gravi un coteau, je vis mes prévisions justifiées.

À midi, nous étions rentrés en possession de notre ancien camp près d’Itaga ; les indigènes accouraient en foule, nous apportant des vivres et des félicitations au sujet de notre retour.

La caravane ne parut que longtemps après et ne fut complétée que fort tard. Rien ne peut rendre l’étonnement du guide, en voyant que la boussole avait si bien connu la route. Il déclara solennellement qu’elle ne pouvait mentir, mais l’opposition qu’il avait faite d’abord à « la petite machine » avait ébranlé à jamais son crédit auprès de ses camarades.