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bien elles roulaient dans les clairières leurs flots tumultueux qui se précipitaient vers le Rougoufou.

Beau Caouendi, pays enchanteur ! À quoi pourrai-je comparer le charme sauvage de ta nature libre et féconde ? L’Europe n’a rien qui puisse en approcher. Ce n’est que dans la Mingrélie, dans l’Imérithie ou dans l’Inde que j’ai trouvé ces rivières écumantes, ces vallées pittoresques, ces fières collines, ces montagnes ambitieuses, ces vastes forêts aux rangées solennelles de grands arbres, dont les colonnes droites et nues forment de longues perspectives où la vue se perd. Et quelle puissance, quel luxe de végétation ! Le sol y est si généreux, la nature si séduisante, qu’en dépit des effluves mortels qui s’en échappent on s’attache à cette région, dont un peuple civilisé chasserait la malaria et ferait un pays non moins salubre que productif.

Les vivres devenaient rares. Cependant, malgré les efforts d’Asmani et les suggestions des affamés de la caravane, je persistai à ne vouloir d’autre guide que ma boussole et à ne consulter que ma carte, qui m’inspirait toujours confiance.

Pas un rayon de soleil ne parut tandis que nous marchions en silence, défilant dans les bois, traversant les jungles, passant les cours d’eau, gagnant la crête des escarpements ou le fond des vallées. Une brume épaisse couvrait la forêt, la pluie nous fouettait avec force, le ciel n’était qu’un amas de vapeurs grises ; mais le docteur avait confiance en moi, et je poursuivais ma route.

Un soir, à peine arrivés au camp, nos hommes se