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Une autre chose dont j’étais singulièrement frappé, c’était sa prodigieuse mémoire ; il me récitait des poèmes entiers de Byron, de Burns, de Tennyson, de Longfellow, d’autres encore, et après tant d’années passées en Afrique, sans livres !

Étudier Livingstone en laissant dans l’ombre le côté religieux serait faire une étude incomplète. Il est missionnaire ; mais sa religion n’est pas du genre théorique : elle parle peu et n’a pas le verbe haut ; c’est une pratique sérieuse et de tous les instants. Elle n’a rien d’agressif, elle ne s’annonce pas : elle se manifeste par une action bienfaisante et continue. La piété prend chez, lui ses traits les plus aimables ; elle règle sa conduite non seulement envers ses serviteurs, mais à l’égard des indigènes, des musulmans, en un mot de tous ceux qui l’approchent ; elle a adouci, affiné cette nature ardente, cette volonté inflexible, et fait, de cet homme, dont l’énergie est effrayante, le maître le plus indulgent, le compagnon le plus sociable.

Tous les dimanches, il réunit son petit troupeau, lui fait la lecture des prières, ainsi que d’un chapitre de la Bible ; puis, du ton le moins affecté, il prononce une courte allocution ayant rapport au texte qu’il vient de lire. Ces quelques paroles, dites en langage du littoral, sont écoutées par la petite bande avec un visible intérêt.

Enfin, chez Livingstone, un dernier point dont se réjouiront tous ses amis, tous ceux qui ont du goût pour les études géographiques, c’est la force de résistance qu’il oppose à l’effroyable climat de cette région ;