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les épines qui nous ont mis en sang, les plaines arides qui ont brûlé nos pieds, le ciel en feu, les marais, les déserts, la faim, la soif, la fièvre, ont été vaincus. Notre rêve est réalisé !

« Déployez les drapeaux et chargez les armes.

– Oui, par Allah ! Oui, par Allah, maître ! répondent des voix ardentes.

– Un, deux, trois !… "

Près de cinquante fusils rugissent. Leur tonnerre, pareil à celui du canon, produit son effet dans le village.

« Kirangozi, portez haut la bannière de l’homme blanc. Qu’à l’arrière-garde flotte le drapeau de Zanzibar. Serrez la file, et que les décharges continuent jusque devant la maison du vieil homme blanc ! »

Nous n’avions pas fait deux cents mètres que la foule se pressait à notre rencontre. La vue de nos drapeaux faisait comprendre qu’il s’agissait d’une caravane ; mais la bannière étoilée qu’agitait fièrement Asmani, dont le visage n’était qu’un immense sourire, produisit dans la foule un moment d’incertitude : c’était la première fois qu’elle paraissait dans le pays. Néanmoins, parmi les spectateurs, ceux qui avaient été à Zanzibar l’avaient vue sur le consulat et sur plusieurs navires ; ils la reconnurent, et les cris de « la bannière d’un blanc ! la bannière américaine ! " dissipèrent tous les doutes.

Gens de dix provinces, Zanzibarites, indigènes et Arabes nous entourent et nous assourdissent de leurs « bonjour, maître » adressés à chacun de nous.