Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

pressant la marche et ne sentant plus de fatigue.

Arrivés près de Niamtaga, nous entendons le tambour, et voyons les gens se sauver dans les bois. On nous prend pour des Rouga-Rouga, les brigands de Mirambo, qui, après avoir vaincu les Arabes du Mouézi, vont attaquer ceux du Djidji. Le roi lui-même s’enfuit, et tous ses sujets, hommes, femmes et enfants, le suivent épouvantés. Nous entrons dans le village, dont nous prenons possession. J’y fais dresser ma tente, chacun de nous s’y établit. Enfin le bruit se répand que nous sommes des Zanzibariens arrivant du Gnagnembé, et les habitants reparaissent.

« Mirambo est donc mort ? s’écrient-ils.

– Non, malheureusement.

– Comment avez-vous fait pour passer ?

– Nous avons pris par le Conongo, le Cahouendi et l’Ouhha. »

Tous se mettent à rire de leur frayeur et nous font leurs excuses.

Je rentre dans ma tente pour écrire les faits du jour. En prenant la plume, j’ai dit à Sélim : « Tirez de la caisse mes habits neufs, graissez mes bottes, passez au blanc mon casque de liège, mettez-lui un voile neuf, afin que je paraisse en tenue convenable devant l’homme que nous verrons demain et devant les Arabes de Djidji ; car les épines ne m’ont laissé que des haillons. »

Le lendemain, nous partons avec une vigueur renouvelée.

Enfin, là-bas, une lueur, un miroitement entre les arbres. En face de nous, la chaine de l’autre rivage du