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le désir de voir mes armes. La carabine à seize coups suggéra mille observations flatteuses, et la beauté des revolvers, leur travail qui parut surhumain à tous ces yeux ravis, inspirèrent au chef des éloges d’une telle éloquence que je crus devoir continuer l’exhibition.

Les fusils de gros calibre, tirés avec force charge de poudre, firent sauter mes visiteurs en une feinte alarme ; puis chacun reprit son siège avec des rires convulsifs.

Au milieu de l’admiration générale, j’expliquai la différence qu’il y avait entre les blancs et les Arabes. L’explication donnée, j’ouvris ma boîte à médicaments. Ce fut une extase : mes hôtes s’accrochèrent les deux index, et, leur enthousiasme croissant toujours, ils se les tirèrent à me faire craindre de les voir se disloquer.

Le chef demanda à quoi servaient ces petites bouteilles dont la transparence et l’arrangement lui arrachaient, ainsi qu’aux autres, des soupirs d’admiration.

« Voici, dis-je en prenant une fiole d’eau-de-vie médicinale, voici la bière des blancs. J’en mis dans une cuiller que je présentai au chef.

– Hacht ! hacht ! oh ! hacht ! eh-eh ! Quelle forte bière ont les hommes blancs ! Oh ! la gorge me brûle !

– Oui ; mais c’est bon, répondis-je. Un peu de cette liqueur rend les hommes forts et généreux ; il est vrai qu’une forte dose les rend méchants, et qu’en prendre beaucoup cela fait mourir.

– Donnez-m’en un peu dit l’un des chefs.

– À moi aussi.

– À moi aussi. »