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donnent bien aux clairières un aspect sombre, mais qui n’a rien d’inquiétant. Si, dans le fourré, des monceaux d’arbres gisent çà et là à tous les degrés de délabrement, des milliards d’ouvriers ardents travaillent sans relâche à les faire disparaître, et rien n’offense ni la vue ni l’odorat. Cependant il s’échappe de cette terre desséchée, de cette végétation morte, un poison subtil qui vous pénètre et qui n’est pas moins dangereux que celui qu’on respire, dit-on, à l’ombre de l’upas.

Le 1er octobre, poursuivant notre route au sud-sud-ouest, nous arrivâmes au bord d’un large étang. Près de la rive, sous un arbre magnifique, était un vieux khambi à demi brûlé, qui, en moins d’une heure, fut transformé en un camp splendide. L’arbre était un figuier-sycomore, le géant des forêts de cette région. Jamais je n’en ai vu de plus beau ; douze mètres de circonférence ; il eût abrité un régiment, car son ombre avait trente-sept mètres de diamètre.

L’œuvre du jour était finie ; le camp nous donnait une sécurité complète ; chacun tira sa pipe, heureux d’avoir achevé sa tâche, et avec le contentement qui suit tout travail bien exécuté.

Au dehors, pas d’autres bruits que l’appel d’un florican ou d’une pintade égarée ; la voix rauque des grenouilles, coassant dans l’eau voisine, ou le chant des grillons, qui semblaient bercer le jour et l’inviter au sommeil. À l’intérieur du khambi, le glouglou provoqué par l’aspiration de l’éther bleuâtre que les fumeurs tiraient des gourdes qui leur servaient de narghilés. Couché sur mon tapis, ayant pour dôme