Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

jeunes, impatients de châtier l’audace de Mirambo. Saoud, le beau jeune homme, fils de Séid, prit la parole : « Mon père, dit-il, se souvient des jours où les Arabes allaient de Bagamoyo à Djidji, et de Quiloa au Londa, sans autres armes que leurs bâtons de voyage. Ces jours sont passés. Voici Mirambo qui nous ferme la route. Renoncerez-vous à l’ivoire des pays de Djidji, de Roundi, de Caragoué et de Ganda, à cause de cet homme ? Non, la guerre, la guerre ! jusqu’au moment où nous tiendrons sa barbe sous nos pieds, jusqu’au jour où ses États seront détruits, et où nous passerons sans crainte, n’ayant à la main que nos seuls bâtons de voyage. » D’après l’assentiment qu’obtint ce discours, il était hors de doute qu’on allait se battre, et j’en fus fort inquiet.

On se rappelle la caravane que le Dr Kirk avait formée pour Livingstone, et qui était partie brusquement à la simple annonce de la visite du consul. Je l’avais retrouvée en arrivant à Tabora. Ainsi que les autres, elle s’était arrêtée par suite de la fermeture de la route. Pensant que la guerre lui ferait courir de grands risques, j’insinuai au chef des Arabes qu’il serait bon que les hommes qui la composaient vinssent loger avec les miens, afin que je pusse veiller sur leur cargaison. M. Kirk ne m’ayant donné aucun mandat à l’égard de ces marchandises, ne me les ayant pas même recommandées, je n’avais rien à dire à ceux qui en avaient la charge. Mais Ben Sélim, heureusement, partagea mes craintes ; et Séid envoya porteurs et ballots chez moi.

J’eus ensuite plusieurs violents accès de fièvre ainsi