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Quelle pouvait être sa maladie ? L’estomac semblait en être le siège ; il avait une diarrhée abondante, mais dont la couleur n’offrait rien de particulier. Évidemment il souffrait d’une manière cruelle. Ses plaintes faisaient mal à entendre, et il se débattait avec une extrême violence. Je restai debout toute la nuit, espérant que ce n’était qu’une indigestion, l’effet temporaire de quelque plante nuisible ; mais il mourut dès le matin, juste quinze heures après son compagnon.

À l’autopsie, nous vîmes que la mort avait été causée par la rupture d’un cancer, qui affectait plus de la moitié de la paroi interne de l’estomac, et qui s’étendait jusque dans le pharynx. Un flux jaune et visqueux, échappé de la tumeur, inondait l’estomac et les intestins.

Quelque lumière que, dans les deux cas, l’autopsie ait jetée sur la nature du mal, je n’ose pas, avec mon peu de savoir, contredire l’assertion du docteur Kirk, et prétendre que les chevaux peuvent gagner l’Ounyanyembé, ou voyager aisément dans cette partie de l’Afrique. Mais si jamais je devais y revenir, je n’hésiterais pas à emmener quatre chevaux, après m’être assuré qu’ils sont parfaitement sains ; et je dis au voyageur qui aurait à prendre cette route : essayez d’un bon cheval ; et que mon exemple ne vous décourage pas.

À cette double perte, s’ajoutait l’ennui que me donnait ma quatrième caravane. Le Ier, le 2, le 3 avril s’étaient écoulés depuis l’époque où elle devait me rejoindre, et je l’attendais toujours. Un porteur en avait profité pour s’enfuir avec sa charge : une partie de la charpente de l’un des bateaux.

Outre le temps perdu, cette halte nous était funeste. La fièvre avait d’abord attaqué Sélim ; puis le cuisinier, puis le tailleur, puis un autre. Bombay était pris de rhumatismes, Oulédi avait la gorge enflée : Zaïdé avait la dysenterie ; Khamisi une faiblesse dans les reins : Farjalla une fièvre bilieuse ; bref, sur vingt-cinq hommes, il y avait dix malades. Mon pressentiment des calamités que nous vaudrait Kingarou s’était réalisé.

Enfin, le 4 avril, les sons d’une trompe, joints au bruit des mousquets, nous annoncèrent l’arrivée d’une caravane, et Maganga apparut, suivi de toute la bande. Ses malades allaient beaucoup mieux ; cependant un jour de repos leur était nécessaire. Dans l’après-midi, Maganga fit le siège de ma générosité en me racontant les filouteries dont Sour Hadji Pallou, digne jeune homme ! l’avait rendu victime. Je lui donnai à mon tour cette in-