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celle de l’éléphant, la trompe qui la termine et qui est noire, s’allongeant au milieu d’une paire d’antennes cornées[1], dont la couleur et la courbe reproduisent les défenses du colosse. Néanmoins la trompe est simplement un étui, dans lequel sont renfermées quatre lancettes rougeâtres. Vus au microscope, ces quatre fils n’ont pas la même grosseur. Il y en a deux relativement très-épais ; le troisième est beaucoup plus mince, et le quatrième d’une couleur d’opale et presque transparent, est d’une extrême finesse ; ce dernier doit être le suçoir. Au moment où la piqûre va se produire, les antennes cornées embrassent la partie qui recevra l’aiguillon, les quatre filets sortent du fourreau et le coup est porté. Je considère cette mouche comme le taon africain.

La seconde de ces mouches sanguinaires, celle qui avait le ténor, répondait mieux à la description de la tsétsé. Elle était si alerte qu’il fallut près d’une heure à trois de mes hommes pour m’en procurer un échantillon. Dès qu’on l’eut prise, elle piqua la main avec rage et ne cessa ses attaques que lorsqu’elle fut embrochée avec une épingle. Elle avait sur l’abdomen trois ou quatre lignes blanches traversâtes, qui disparurent après la mort.

Ici, l’appareil buccal était différent ; il se composait de deux antennes noires[2], et d’un stylet, de nuance opaline, replié sous la gorge. Pour fonctionner, l’aiguillon se relevait et les deux antennes l’embrassaient fortement. Je n’ai trouvé dans notre camp, ce jour-là, qu’une seule mouche de cette espèce.

La troisième, qui dans le pays s’appelle tchoufoua, donnait un son faible et grave, allant crescendo. Elle était plus grosse d’un tiers que la mouche domestique, avait de grandes ailes, faisait moins de bruit que les autres, mais plus de besogne ; c’était assurément la plus terrible. Les chevaux et les ânes ruaient et se cabraient sous sa piqûre, qui faisait ruisseler le sang. Vorace au point de se laisser prendre plutôt que de fuir avant d’être gorgée, elle était facilement détruite ; mais on avait beau en écraser, le nombre allait toujours croissant. J’ai reconnu plus tard que cette dernière était la tsétsé.

  1. Nous avons traduit littéralement antennæ par antennes, mais il est probable qu’il s’agît des palpes qui, dans la famille des Tabaniens, sont dressés chez les mâles, embrassant la trompe chez la femelle ; c’est probablement ce qui fait dire à l’auteur que les antennes saisissent les parties qui recevra l’aiguillon ; car les femelles seules, chez les taons, sont avides de sang.(Note du traducteur.)
  2. Même observation qu’au sujet du mabounga. Nous pensons d’autant plus qu’il s’agit de palpes, que les antennes n’appartiennent point à l’appareil buccal. (Note du traducteur.)