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et la durée de la marche ont prouvé que je ne pouvais pas mieux faire, cette ligne étant la plus directe.

Le lendemain de notre arrivée à Kikoka fut un jour de halte. J’y trouvai ma quatrième bande, composée uniquement de Vouanyamouézi, et qui devait être un obstacle à la rapidité du voyage. Son chef, Maganga, ne sut qu’inventer pour m’extorquer de nouvelle cotonnade, bien qu’il m’eût déjà coûté à lui seul plus que trois autres chefs réunis ; mais ses efforts n’obtinrent que la promesse d’une récompense, s’il arrivait avant moi dans l’Ounyanyembé, et de manière à nous laisser le chemin libre.

Il partit le 27, au point du jour, et nous levâmes le camp à sept heures du matin.

Toujours la même contrée : un parc superbe, attrayant dans tous ses détails. Je pris l’avance, afin de nous procurer de la viande, si l’occasion s’en présentait ; mais pas l’ombre de gibier ; ni poil, ni plume. Devant nous se déroulait une série de montées et de descentes, formant de grandes lignes parallèles, comme les sillons d’une terre labourée ; énormes vagues, ayant chacune à leur sommet une rangée d’arbres touffus, ou des carrés de broussailles. Puis les sillons se brisèrent en mamelons indépendants, revêtus d’une jungle épaisse.

Sur un de ces tertres, au milieu d’un fourré d’épines, fouillis impénétrable, est situé Rosako. Un autre village, également défendu par un hallier de mimosas, est à peu de distance, dans la direction du nord. Entre les deux bourgades, s’enfonce une vallée des plus fertiles, que traverse un ruisseau.

Kikoka est a l’extrémité nord-ouest de l’Ouzaramo ; Rosako est le village frontière de l’Oukéréhoué. Nous y entrâmes et notre camp fut installé au centre de l’établissement.

Une kitanda, légère couchette sans rideau ni frange, et qui pour être dépourvue de ces superfluités, n’en était pas moins confortable, me fut envoyée par le chef de l’endroit. Nos bêtes furent immédiatement déchargées, conduites au pâturage ; et tous nos hommes, du premier au dernier, s’employèrent à remiser les ballots, de peur de la pluie, qui, dans cette saison, est toujours imminente.

Au nombre des choses que je voulais expérimenter dans ce voyage étaient les services d’un bon chien de garde, destiné à me protéger contre les indiscrets, non moins que contre les voleurs. Je désirais surtout essayer l’effet de ses aboiements sur les Vouagogo, gens effrontés, qui, d’après ce que m’avaient dit les Arabes,