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ustensiles de cuisine et autres ; enfin, des provisions nécessaires à celui qui s’embarque pour une longue traversée, tels que médicaments, savon, bougies, sucre, thé, café, pemmican, extrait de viande, épices, conserves, etc.

Notre armement était ainsi composé : deux raïfles à seize coups, l’un de Winchester, l’autre d’Henry ; trois carabines se chargeant par la culasse : deux de Starr, une de Jocelyn ; un raïfle pour éléphant, portant des balles de huit à la livre ; deux révolvers ; vingt-quatre mousquets à pierre ; six pistolets, une hache d’armes, deux sabres, deux poignards, (kammers persans, achetés par moi à Chiraz) ; un épieu, deux haches américaines de quatre livres chacune, deux douzaines de haches ordinaires, et vingt-quatre couteaux de boucher.

L’Expédition était en bonne voie ; rien ne lui manquait, rien n’avait été épargné. Si elle devait être arrêtée dans sa marche, ce serait par accident ou par des circonstances que nous ne pouvions pas prévoir.

Notre sortie de Bagamoyo fut très-brillante. La foule, avons nous dit, se pressait sur notre passage, et des salves de mousqueterie célébraient notre départ. Chacun de nous était plein d’ardeur ; les soldats chantaient, le Kirangozi poussait des rugissements sonores, et agitait le drapeau étoilé qui disait à tous les spectateurs : c’est la caravane d’un Mousoungou !

Je crois que mon cœur battait trop vite pour que mes traits eussent l’impassibilité qui convient à ceux d’un chef ; mais c’était plus fort que moi : l’enthousiasme de la jeunesse me possède toujours, en dépit de mes voyages. Mon sang courait dans mes veines avec toute l’ardeur d’une santé parfaite. Les soucis qui m’accablaient depuis deux mois étaient passés ; j’avais dit mon dernier mot à Sour Hadji Pallou, jeté mon dernier regard à la masse beuglante des métis, des Banians et des Béloutchis, fait mes adieux aux jésuites de la mission française. Devant moi s’ouvrait l’espace ; et l’horizon ensoleillé était plein de promesses.

Autour de nous, un pays charmant : des arbres étrangers, des champs fertiles, une végétation riante. J’écoulais la voix du grillon, celle du tringa, le sibilement des insectes ; tous semblaient me dire : « Enfin vous êtes parti ! » Que pouvais-je faire, sinon lever les yeux vers le ciel ; et jeter ce cri du fond de l’âme : Dieu soit loué !

Après une marche de trois milles et quart, nous nous arrêtâmes à Chamba Gonéra, il était alors une heure et demie. En somme,