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Ainsi de tous les ballots ; ils dépassaient le maximum d’une trentaine de livres en moyenne. Il fallut tout défaire et tout réempaqueter ; opération fastidieuse, qui se pratique de la manière suivante : quatre mètres de mérikani très-commun, valant à Zanzibar environ 50 centimes le mètre, sont étendus par terre, vous prenez une pièce de mérikani, cette fois de bonne qualité ; l’étoffe qui la compose a été pliée en deux chez le fabricant ; vous la pliez en trois, de façon à lui donner trente pouces de large. Cette pièce est posée sur l’enveloppe et constitue la première couche ; la seconde est formée de six pièces de kaniki, cotonnade bleue pareille à l’étoffe des blouses françaises. Vient ensuite une autre pièce de mérikani ; puis un sixain de kaniki ; puis une couche de mérikani, puis du kaniki, puis du mérikani ; total : quatre pièces de celui-ci, dix-huit de l’autre, en sept couches alternatives, chacune d’un poids égal, formant un ensemble pesant soixante-douze livres. L’enveloppe est relevée sur le tout et nouée aux deux extrémités par les coins. On prend de la corde faite avec des fibres de noix de coco ; et deux hommes, pourvus d’un maillet qui leur sert à battre et à serrer l’étoffe, se mettent à la ficeler, près à près, avec la recherche qu’apportent les marins dans le gréement d’un navire.

Une fois terminé, le ballot est un corps solide de trois pieds et demi de long sur un pied de diamètre dans tous les sens. J’avais à transporter quatre-vingt-deux de ces balles d’étoffe, dont quarante de calicot et de cotonnade bleue, et les autres de tissus de différentes couleurs et de matières diverses, placées entre des pièces de mérikani. Ce dernier devait servir plus tard à l’engagement de nouveaux porteurs, ceux que j’allais prendre sur la côte ne se louant que jusqu’à l’Ounyanyembé. Quant aux étoffes dites de couleur, elles étaient destinées à payer le tribut qu’on exige dans certaines provinces.

D’autres points défectueux de notre équipement nous furent encore révélés. Ainsi, j’avais dans une tente pour quinze cents dollars de cotonnade, réservée au payement des hommes que j’attendais. Survint une rafale, accompagnée d’une pluie furieuse ; c’était pendant la nuit. Dès le matin j’allai voir quel en était le résultat.

Hélas ! cette tente qui me servait de magasin, et qui était pareille à celles de l’armée, avait laissé filtrer l’eau comme un tamis ; pas un mètre de cotonnade qui ne fût trempé. Il fallut deux jours pour faire sécher l’étoffe et la replier. La fameuse tente