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claves ait refroidi le zèle des gentlemen dévoués qui n’avaient rien de commun avec une bande servile. Ils auraient eu peu de chose à faire dans la direction que je me propose de suivre ; mais si j’avais eu un télégraphe à ma portée, ou seulement la poste, j’aurais indiqué sur un autre point une série de recherches qui aurait plu au Conseil.

« La guerre se fait ici depuis un an ; elle ressemble, en miniature, à celle que nous avons eue avec les Cafres ; mais elle n’enrichit personne. Tout commerce est arrêté, et le désordre est dans tout le pays. Je me propose d’échapper à cette confusion en prenant au sud, pour me rendre à Fipa ; je doublerai l’extrémité méridionale du Tanganika, je traverserai le Chambèzi et marcherai à l’ouest, en longeant le lac Bangouéolo. Me trouvant alors par 12 degrés de latitude australe, j’irai droit au couchant pour atteindre les fontaines qui, d’après ce qu’on rapporte, sont au bout de la ligne de faite ; puis, me tournant vers le nord, je gagnerai les mines de cuivre de Katanga, qui ne sont qu’à une dizaine de jours des demeures souterraines. Je reviendrai ensuite à Katanga, et douze jours de marche au sud-sud-ouest me conduiront à la pointe du lac Lincoln. Arrivé là, je remercierai dévotement la Providence, et je reviendrai par le Kamolondo à Oujiji, d’où je partirai pour l’Europe. J’espère ainsi réparer le dommage causé par les esclaves. J’étais voisin du confluent du Lomami et du Webb, quand il m’a fallu revenir. Le Lomami est la prolongation du lac Lincoln, le déversoir par lequel celui-ci rejoint le Webb-Loualaba, ligne centrale de l’écoulement des eaux. La route que j’indique utilise mon retour en me faisant embrasser, dans ce circuit méridional, presque toutes les sources ; ce qui n’aurait pas lieu si j’allais au Manyéma reprendre le fil de mes explorations. Autre avantage : cette route me place en dehors de l’aire sanglante du commerce d’esclaves, dont le Manyéma apprend à se venger.

« Si je revenais maintenant en Angleterre, ce que je désirerais vivement pouvoir faire avec honneur, je laisserais la découverte des sources non achevée ; bientôt quelqu’un démontrerait la fausseté de ma prétention à cette découverte ; et, chose infiniment plus grave, les Banians, qui, je le crois, se sont entendus pour me faire échouer, réussiraient dans leur desseins.

« Je connais déjà beaucoup des peuplades chez lesquelles je dois me rendre, ayant largement parcouru cette région pour détruire l’erreur où m’avaient fait tomber les Portugais, et d’autres avec eux, en disant que le Chambèzi était leur Zambèse. Je suis en bons termes avec toutes ces peuplades.

« J’aurais été fort content de visiter les Basañgo, qui se trouvent près de ma route ; mais je restreins mon voyage à six ou huit mois, pour compenser les pertes que j’ai faites.

« Il y a à peu près cinq générations, un homme de race blanche vint dans les montagnes des Basañgo, situées à l’est de la ligne de faîte.