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torité consulaire, n’ait pas pu mettre un terme au brigandage ouvertement commis par les gens de Nassick, protégés de l’Angleterre.

« 8° M. Stanley, sans perdre de temps, assura le lieutenant Henn qu’il avait l’ordre, écrit de la main de Livingstone, de faire rebrousser chemin à toute caravane qu’il rencontrerait, allant rejoindre le docteur.

« 9° Il est évident, d’après la teneur des lettres de Livingstone, que toute assistance serait mal vue du docteur, à moins d’être procurée à celui-ci par M. Stanley, son agent confidentiel.

« 10° Après lecture des lettres du Dr Livingstone, mister Oswald refusa d’accompagner les hommes de M. Stanley, et d’aller rejoindre son père. »

En l’absence du Dr Livingstone, et pouvant répondre pour lui aux charges ci-dessus, charges qui d’ailleurs pèsent également sur moi, il est de mon devoir de les réfuter le plus exactement possible. Je le ferai dans l’ordre où elles ont été énoncées.

I. Livingstone ne s’est pas soigneusement abstenu de parler de ses travaux passés ou futurs. Il a écrit à mainte et mainte reprise des lettres dont la copie se trouve dans son journal, et ou il fait le détail de ses découvertes.

II. M. Stanley n’a reçu, ni de Livingstone, ni de M. Bennett, la recommandation de ne rien laisser transpirer des plans et de la route du docteur ; la preuve, c’est que, arrivé à Marseille, il a donné au correspondant du Daily Tetegraph toutes les informations que ce dernier lui demandait.

III. Des lettres contenant des renseignements, et adressées à lord Clarendon et au Dr Kirk, ont été écrites par Livingstone dès son arrivée dans l’Oujiji, envoyées par courriers dans l’Ounyanyembé, et reçues par Séid ben Sélim. Elles furent subséquemment perdues ou supprimées pendant que je me rendais avec Livingstone d’Oujiji à Kouihara.

IV. Je n’ai jamais enchaîné que le petit nombre de réfractaires et de déserteurs qui mettaient l’expédition en danger par l’abandon de leurs charges, ou par leur rébellion.

V. À mon instigation, le Dr Livingstone a promis d’essayer l’effet moral de la chaîne sur les incorrigibles, ainsi que je l’avais fait moi-même. Les moyens de répression contre la récidive ne sont pas moins nécessaires au cœur de l’Afrique que les geôles en pays civilisé.

VI. Le ton des lettres de Livingstone n’est pas discourtois ; c’est celui d’une plainte officielle, purement et simplement, sans intention d’impolitesse.

VII. Livingstone, revêtu même de l’autorité royale et despotique, sans avoir la force qui en est la sanction, n’aurait pas été moins impuissant qu’avec l’autorité consulaire. Il ne pouvait infliger ni la prison ni la peine capitale aux protégés britanniques ; il ne lui restait qu’à congédier ces mécréants.