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Cette caravane est celle dont la cargaison est aujourd’hui entre les mains du Dr Livingstone, et c’est à son égard que je priai M. Stanley de vouloir bien agir en mon nom pour faire parvenir à qui de droit les objets dont elle était chargée. À cette époque, on ignorait ici que M. Stanley avait pour mission la recherche de Livingstone, car il avait soigneusement caché à tout le monde le but de son voyage. Mais trouvant sur les lieux un homme de race blanche, je le priai de faire tout son possible pour que les marchandises envoyées parvinssent au voyageur de même race qui les attendait.

« La correspondance du Dr Livingstone avec le consulat accuse de possession d’esclaves plusieurs des membres les plus importants du groupe indo-britannique. Je peux affirmer que chacun des hommes qui ont été envoyés comprenaient parfaitement tous les mots du contrat ; et en outre que ces hommes, tenus pour esclaves des Banians, se sont déclarés comme étant des hommes libres. Qu’ils aient ensuite mal tourné ne fait aucun doute. Mais M. Stanley me dit qu’il a été forcé de mettre aux fers la plupart des membres de l’escorte qu’il conduisait en personne, afin de prévenir de semblables désastres ; et le Dr Livingstone, par un écrit de sa propre main, demande, pour le même usage, des chaînes destinées aux gens qui vont le rejoindre, en prévision de leurs méfaits.

« Quant à l’ancienne affaire des Anjouhannais et à la réclamation des dommages-intérêts que le Dr Livingstone a déposée contre eux, j’attendrai les ordres de Votre Seigneurie ; et comme l’île d’Anjouhan n’est pas de mon ressort, je mets sous cette enveloppe la minute de la demande.

« Je m’abstiens de toute remarque au sujet du ton peu courtois de ces lettres officielles, et des insinuations peu généreuses qu’elles renferment à mon égard et à celui de M. Churchill ; mais je suis prêt à répondre à tous les points sur lesquels Votre Seigneurie pourra vouloir des explications.

« Il m’est impossible de comprendre comment le Dr Livingstone, revêtu des fonctions de consul de Sa Majesté, n’a pas mis immédiatement fin aux meurtres, aux vols, aux captures d’esclaves, à tout le brigandage exercé, dit-il, par les gens de Nassick, protégés de l’Angleterre, et qui, s’ils ne faisaient pas partie de son escorte, avaient été du moins introduits par lui dans la contrée, et partageaient son camp. Si lui-même, étant sur les lieux, armé de l’autorité consulaire, n’a pas eu le pouvoir d’empêcher les scènes qu’il décrit, comment peut-il espérer que la justice atteindra le coupable à une pareille distance, dans une région qui n’est aucunement sous les ordres du sultan de Zanzibar ? »