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qu’il n’avait pas mangé. Dans l’ignorance où vous étiez du fait, vous avez été cause que lord Granville a dit à la Chambre Haute que je ne manquais de rien.

« Je n’insiste pas davantage à cet égard ; je me bornerai à faire le bilan de la dernière caravane que vous m’avez envoyée — toujours par Ladha et avec ses esclaves. Les lettres, cette fois encore, ont mis quatorze mois pour atteindre Oujiji, et ne me sont arrivées que par M. Stanley, qui les a rencontrées par hasard et qui en a fait son affaire. Les esclaves, dont ma caravane était formée, n’ont pas voulu se joindre à lui. Pourquoi tous ces gens ont-ils reçu l’ordre de ne pas me suivre ? Ils m’ont dit avoir passé quatre mois à Bagamoyo. Trois sacs de perles et un ballot d’étoffe ont été consommés dans ce village. Arrivés ici, les deux chefs ont recommencé leurs bombances à mes dépens. L’un est mort de la petite vérole ; l’autre a brisé en plein jour les verrous et les serrures du magasin de M. Stanley, et a volé celui-ci. Je l’ai congédié.

« Je suis, etc.

« David Livingstone,xxxxxxxxxxxxxxx
« Consul de Sa Majesté dans l’Afrique centrale. »


LE DOCTEUR KIRK À LORD GRANVILLE.
« Zanzibar, 9 mai 1872.

« J’ai l’honneur de vous informer que M. Stanley, dont j’avais annoncé l’approche, est arrivé hier à Zanzibar, et a remis entre mes mains des lettres du Dr Livingstone ; copie de ces lettres est ci-jointe.

« Le Dr Livingstone, s’étant soigneusement abstenu de faire la moindre allusion aux travaux qu’il a pu accomplir durant les trois années pendant lesquelles il a gardé le silence, non plus qu’aux explorations qu’il projette, explorations qui lui font demander cinquante hommes et souscrire une dépense de cinq cents livres, je laisse à M. Stanley, à qui le secret a été confié, le soin de le révéler de la façon la plus avantageuse à celui dont il est le mandataire[1]. À M. Stanley ont été remis le journal et toutes les notes du Dr Livingstone, avec recommandation spéciale de ne rien laisser transpirer ici des plans et de la route future du docteur. Des lettres précédentes, écrites par

  1. Nous protestons contre la longueur de cette phrase, qui n’est pas de notre fait, et qui nous sera reprochée. (Note du traducteur.)