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L’un des moyens proposés était de choisir des messagers parmi les indigènes, et de promettre une récompense de cent guinées (deux mille cinq cents francs) à celui qui rapporterait à la côte une lettre écrite de la main de Livingstone.

Un autre plan, recommandé par un ancien voyageur en Afrique, consistait à organiser une expédition qui serait dirigée par un Européen, ayant pour cela l’expérience et les qualités requises.

Ces deux plans devaient être soumis au Foreign Office, et l’adoption de l’un ou de l’autre dépendrait de l’examen qui en serait fait alors. Dans tous les cas, la Société pouvait avoir la certitude que son Conseil ne négligerait rien pour s’assurer de la position de Livingstone.

M. Hormuzd Rassam, interrogé à cet égard, répondit que, d’après l’expérience qu’il en avait faite en Abyssinie, le meilleur moyen d’obtenir des nouvelles de gens éloignés était d’employer des messagers indigènes. Il s’en était servi dans trois occasions pour correspondre de Massouah avec les captifs de Magdala, et s’en était bien trouvé. Chaque fois il avait pris trois messagers : un chrétien, un musulman et un natif de l’Abyssinie occidentale. Il les avait expédiés par trois routes différentes, chacun dans la complète ignorance des mouvements de ses émules. L’un d’eux forgea une lettre qu’il rapporta ; mais les deux autres reparurent dix jours avant le terme fixé, et revinrent avec des nouvelles authentiques. Plusieurs Arabes de l’Oman, qui étaient allés jusqu’au Tanganîka, lui avaient assuré qu’avec des grains de verre et autres articles d’échange il n’était pas difficile de gagner l’Oujiji.

Le général Rigby, au contraire, était persuadé que le moyen de M. Rassam échouerait complètement. En Abyssinie, on peut aller seul d’un bout à l’autre de la contrée ; dans la partie de l’Afrique dont il était question, la chose est impossible. Tout voyageur doit y être accompagné d’une suite nombreuse, défendue par des gens armés. Les seules caravanes qui fassent ce voyage appartiennent à des marchands arabes, hindous ou métis, pour qui le temps n’a aucun prix. Si donc la Société faisait adjoindre à l’une de ces bandes un homme qui, pour revenir, devrait attendre le départ d’une autre caravane, il pourrait s’écouler cinq ans et plus avant le retour du messager. D’après le général, le second moyen était le seul qui pût réussir ; il fallait dépêcher un Anglais, voyageur entreprenant, qui partirait de Zanzibar sous bonne escorte, et bien équipé, bien approvisionné.

M. Rassam, reprenant la parole, dit qu’il avait communiqué, par messagers, avec des chefs du pays des Galla, dont la résidence se trouvait à trente ou quarante jours de marche. Il pensait, d’ailleurs, que les deux moyens pouvaient être essayés sans inconvénient.

Le Conseil, à ce que dit ensuite le président, était d’avis d’employer d’abord des messagers, auxquels on offrirait une large récompense. Si le moyen ne réussissait pas, on enverrait une expédition.