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quatre de ses gens ont été tués ; fort heureusement il a échappé à la mort. Il a maintenant peu de chance d’avancer ; dans tous les cas, je ne saurais dire quel était son but ; il n’a rien dit de ses plans à Zanzibar.

« J’ai envoyé par lui au Dr Livingstone les lettres qui dernièrement sont venues d’Angleterre, et lui ai confié la nouvelle cargaison destinée au docteur (la première est arrivée à Oujiji).

« Je suppose qu’il se fera un point d’honneur d’aller d’abord à la rencontre de Livingstone ; mais que fera-t-il après cela ? Je n’en sais rien. Trouvera-t-il bon de revenir, ou de continuer son voyage ? Je l’ignore. Il avait la fièvre au moment où il a écrit, mais depuis il a été mieux.

« Les hommes qui ont apporté ses dépêches, repartent demain, et doivent arriver là-bas en vingt-cinq jours ; car la route est bonne et la nourriture abondante.

« Croyez-moi, cher Sir Roderick,
« Votre sincèrement dévoué.

« John Kirk. »

Cette lettre, ainsi qu’une autre du Dr Kirk, adressée à lord Granville, et qui résumait celle que j’avais écrite à M. Webb après l’attaque de Mirambo, fut communiquée à la Société de géographie dans l’une de ses séances. Le capitaine Burton dit à ce sujet que ce n’était pas la première fois que des hostilités entre les Arabes et les indigènes avaient rompu toute communication avec l’Ounyanyembé. Cet état de choses pouvait durer deux ou trois ans ; mais, ajoutait le capitaine, si Livingstone voulait revenir, il lui était facile de prendre la route qui est au sud du lac Tanganika. D’ailleurs, un blanc tel que Livingstone, à la fois intrépide et connaissant bien le langage des indigènes, pouvait passer en toute sécurité dans les endroits où les noirs n’oseraient pas s’aventurer. En somme, le capitaine n’avait pas la moindre inquiétude au sujet du grand explorateur ; il était convaincu que s’il lui fut arrivé quelque chose, la nouvelle eût rapidement gagné la côte, et que la Société en aurait été avertie presque aussi vite que si le renseignement avait été transmis à Zanzibar par le télégraphe.

À la séance du 27 novembre, sir Henry Rawlison, après avoir rappelé les deux lettres du Dr Kirk, lettres datées du mois de juin, et qui annonçaient la rupture des communications entre la côte et l’Ounyanyembé, sir Rawlison, disons-nous, informa la Société que, n’ayant plus l’espérance d’avoir des nouvelles de Livingstone par M. Stanley, le Conseil avait décidé qu’il fallait chercher le moyen de rejoindre le grand voyageur. L’intention du Conseil était de s’adresser au Foreign Office, de lui exposer la situation et de s’entendre avec lui au sujet des mesures à prendre pour atteindre l’endroit où l’on présumait que devait être Livingstone.