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firmer, quant à moi, que pas une seule ne m’est arrivée pour lui pendant tout ce laps de temps.

« Vers le mois de juillet 1868, j’envoyai à Oujiji, à la requête de Livingstone, une certaine quantité d’objets d’échange et de médicaments ; mais, à part celles que nous écrivîmes, le Dr Kirk et moi, pas une lettre ne fut jointe à ces objets, et par la raison que je viens de dire.

« Précédemment, le Dr Seward avait expédié par Quiloa des provisions et de la quinine, pour être déposées à Oujiji, ou elles devaient attendre l’arrivée du voyageur. Dans ces deux cas, le précieux concours du Dr Kirk avait été facilement obtenu ; et je peux rendre témoignage du profond intérêt que j’ai toujours vu prendre par M. Kirk à tout ce qui pouvait concerner le Dr Livingstone. Jamais en aucune circonstance je ne me suis aperçu qu’il eût donné le moindre signe de jalousie.

« Après mon départ qui eut lieu en avril 1869, M. Kirk organisa une expédition composée de quatorze individus chargée d’une cargaison importante, qui devait rejoindre le grand voyageur à Oujiji.

« Le choléra ayant éclaté, non-seulement la caravane éprouva de grands retards, mais elle perdit la moitié de ses membres avant d’atteindre l’Ounyanyembé. Arrivés dans cette province, les survivants paraissent avoir eu recours aux objets d’échange dont ils étaient porteurs. On ne saurait en blâmer M. Kirk ; et, après tout, cela valait mieux que de ne pas continuer le voyage, faute de moyens de subsistance.

« De retour à Zanzibar au mois d’août 1870, avec d’amples moyens[1] fournis par le gouvernement de Sa Majesté, j’ai préparé une troisième expédition et choisi sept hommes, connaissant la route et les environs d’Oujiji, pour remplacer les gens qui étaient morts. Par leur engagement, ceux que j’envoyais étaient tenus de se rendre à Oujiji et d’y attendre Livingstone. Mais la route n’était pas sûre, et pendant longtemps personne ne voulut s’y aventurer ; de sorte que la caravane resta à Bagamoyo où elle était encore au mois de décembre, lorsque je partis de Zanzibar.

« Cette caravane est celle qui, d’après M. Stanley, a quitté Bagaraoyo deux jours avant l’arrivée de M. Kirk dans ce village. C’est elle qui fut chargée des lettres que j’avais apportées d’Angleterre pour le Dr Livingstone.

« M. Kirk a fait, dit-on, de la chasse le principal objet de son excursion à Bagamoyo, et par suite a négligé la caravane.

« Mais M. Stanley dit lui-même que cette dernière était partie avant l’arrivée de Kirk ; or, un village de cinq cents âmes n’est pas assez grand pour qu’au bout de dix minutes on ne soit pas au courant

  1. Les 25 000 francs dont il est question page 563.