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« Dans ma prochaine dépêche, je rendrai compte de la dépense relative à cette expédition.

« On a reçu, il y a un mois, la nouvelle que la caravane expédiée en octobre 1869 par le Dr Kirk était arrivée dans l’Ounyanyembé au mois de juin dernier (1870). Elle avait perdu sept hommes du choléra ; les autres, ayant consommé les provisions qui leur avaient été données, ont, d’après l’avis du gouverneur de l’Ounyanyembé, tiré leur subsistance de la cargaison qui leur avait été confiée. À première vue, ceci parait une faute ; mais le fait s’explique par le manque absolu de ressources, qui eût arrêté la caravane, puisque le gouverneur de l’Ounyanyembé ne pouvait lui avancer aucun subside sans l’autorisation du sultan, autorisation qu’il n’avait pas.

« Des dernières nouvelles de l’intérieur établissent que Livingstone, après avoir été dans un endroit appelé Manimé (Manyéma), est de retour â Oujiji. »



Une lettre du Dr Kirk, mentionnée par sir Rodcrick Murchison dans le Times, lettre datée du mois de décembre (trois semaines après celle qu’on vient de lire), ne parle pas de l’arrivée de Livingstone à Oujiji, bien que les renseignements qu’elle donne soient tirés de la même source que ceux de M. Churchill. Elle dit seulement qu’une lettre du gouverneur de l’Ounyanyembé, datée de juillet 1870, annonce que Livingstone était attendu à Oujiji, où il arriverait en même temps que la caravane qui lui était expédiée. M. Churchill parlait donc de l’arrivée du docteur par anticipation.

La lettre de M. Kirk dit également que le voyageur avait été dans un pays appelé Manimé. Pour comprendre l’importance de cette communication, il est nécessaire de rappeler ce que Livingstone avait écrit lui-même dans une dépêche datée d’Oujiji, 30 mai 1869, et adressée à M. Kirk, pour être envoyée à Londres.

« Ma tâche, disait Livingstone dans cette dépêche, est seulement de relier au Nil de Speke et de Baker les sources que j’ai découvertes à six ou sept cents milles de là. Le volume d’eau, qui du 12° degré de latitude méridionale s’écoule vers le nord, est tellement considérable, que je pense y trouver à la fois les sources du Congo, aussi bien que celles du Nil. Ma tâche est de descendre la branche orientale jusqu’à l’endroit où Baker s’est arrêté. Le lac de celui-ci et le Tanganîka sont pour moi, jusqu’à présent, une seule et même eau dont la naissance est à trois cents milles au sud du dernier de ces lacs. Le cours ultérieur de ces sources, qu’il rejoigne le Nil ou le Congo, me reste à reconnaître. Au couchant de cette ligne est le Manyéma, dont les habitants, au dire des Arabes, sont anthropophages. Il faut d’abord